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Allaitement et troubles digestifs du nourrisson : comment reconnaître, soulager et prévenir les régurgitations et reflux

Allaitement et troubles digestifs du nourrisson : comment reconnaître, soulager et prévenir les régurgitations et reflux

Allaitement et troubles digestifs du nourrisson : comprendre régurgitations et reflux

Les troubles digestifs du nourrisson inquiètent de nombreux parents, même lorsque l’allaitement se passe bien. Régurgitations, reflux gastro-œsophagien (RGO), pleurs inconsolables après les tétées… Il est parfois difficile de faire la différence entre ce qui est normal et ce qui nécessite une consultation médicale. L’objectif de cet article est de vous aider à reconnaître les signes, à soulager votre bébé allaité et à adopter des gestes simples pour prévenir les régurgitations et reflux.

Régurgitations et reflux chez le bébé allaité : ce qui est normal

Les régurgitations sont extrêmement fréquentes chez les bébés, allaités ou non. Le système digestif du nourrisson est immature. Le sphincter situé entre l’œsophage et l’estomac (cardia) se ferme encore mal. Le lait peut donc remonter facilement, surtout lorsque le bébé avale de l’air, tète vite ou est beaucoup manipulé après la tétée.

Dans la grande majorité des cas, ces régurgitations sont dites « physiologiques ». Elles sont impressionnantes, parfois abondantes, mais sans gravité si :

  • le bébé prend correctement du poids ;
  • il a des périodes d’éveil calmes et attentives ;
  • il mouille bien ses couches et fait des selles régulières ;
  • il ne semble pas en détresse ou en douleur persistante.

On parle alors de « bébé régurgiteur » sans pathologie associée. Cette situation s’améliore le plus souvent spontanément vers 4 à 6 mois, avec la maturation digestive et la diversification alimentaire.

Allaitement et reflux gastro-œsophagien (RGO) : quand s’alarmer ?

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) se produit lorsque le contenu acide de l’estomac remonte régulièrement dans l’œsophage. Chez certains nourrissons, ces remontées provoquent une véritable gêne et une inflammation. On parle alors de RGO pathologique.

Chez un bébé allaité, quelques signes doivent attirer l’attention :

  • pleurs intenses et fréquents après les tétées, parfois plusieurs heures ;
  • hyperextension du dos, tête rejetée en arrière, crispation du corps ;
  • refus du sein ou tétées très agitées (bébé s’énerve, lâche et reprend le mamelon) ;
  • régurgitations douloureuses, bébé semble brûlé lorsqu’il ravale ;
  • toux chronique, voix enrouée, gêne respiratoire, surtout en position allongée ;
  • prise de poids insuffisante ou cassure de la courbe de croissance ;
  • réveils nocturnes fréquents avec pleurs et difficulté à se rendormir.

Si plusieurs de ces signes sont présents, un avis médical est indispensable. Le rôle du pédiatre sera de vérifier l’état général de votre enfant, d’exclure d’autres pathologies et, si nécessaire, de proposer un traitement adapté au RGO du nourrisson allaité.

Allaitement maternel : un atout pour les troubles digestifs du nourrisson

L’allaitement maternel est souvent protecteur, même en cas de régurgitations ou de reflux. Le lait maternel est :

  • plus facilement digéré que les préparations commerciales ;
  • adapté à la physiologie digestive du bébé ;
  • riche en enzymes et facteurs bioactifs qui favorisent la maturation de l’intestin ;
  • généralement évacué plus rapidement de l’estomac, ce qui limite la stagnation.

C’est pourquoi, sauf cas particulier, il est rarement recommandé d’arrêter l’allaitement en cas de RGO. Au contraire, ajuster la fréquence des tétées, la position et l’accompagnement de la mère permet souvent une nette amélioration des troubles digestifs du nourrisson.

Bien reconnaître la succion et la prise du sein pour limiter les régurgitations

Une mauvaise prise du sein peut accentuer les troubles digestifs : le bébé avale davantage d’air, tète de manière désorganisée et se fatigue. Cela peut augmenter les régurgitations, les hoquets et les gaz.

Quelques repères pour une bonne prise du sein :

  • la bouche est grande ouverte, les lèvres bien ourlées vers l’extérieur ;
  • le menton touche le sein, le nez est dégagé ;
  • une grande partie de l’aréole est dans la bouche, surtout en bas ;
  • la succion est profonde et régulière, sans claquements ni bruits d’aspiration d’air.

En cas de douleurs au mamelon, de crevasses, de tétées très longues ou agitées, il peut être utile de consulter une consultante en lactation ou une sage-femme formée à l’allaitement. Une simple correction de positionnement peut parfois réduire significativement les reflux et régurgitations chez le nourrisson.

Positions d’allaitement et postures anti-reflux

La position du bébé pendant et après la tétée joue un rôle majeur sur les troubles digestifs. Certaines postures limitent la pression sur l’estomac et favorisent un retour veineux et digestif plus harmonieux.

Les positions d’allaitement particulièrement intéressantes en cas de reflux :

  • Position semi-assise de la mère : la maman est légèrement inclinée vers l’arrière, le bébé est allongé sur elle, ventre contre ventre. Le lait coule moins vite et le bébé gère mieux le flux.
  • Position « Biological nurturing » : la mère est en position quasi allongée sur le dos, le bébé à plat ventre sur elle. Cette posture favorise une succion profonde et calme, et limite l’aspiration d’air.
  • Position en « ballon de rugby » : utile si le lait jaillit très fort. Le bébé est sur le côté, bien soutenu, ce qui permet de mieux contrôler le débit.

Après la tétée, il est conseillé de garder le bébé en position verticale ou semi-assise pendant 20 à 30 minutes. Le portage en écharpe ou en porte-bébé physiologique, bien réglé, est souvent très apaisant pour les bébés souffrant de RGO ou de régurgitations fréquentes.

Diminuer le flux de lait trop rapide et le réflexe d’éjection fort

Certaines mères ont un réflexe d’éjection fort (REF). Le lait jaillit avec puissance, surtout en début de tétée. Le bébé peut s’étouffer, avaler beaucoup d’air, s’agiter, puis régurgiter une quantité importante de lait.

Pour le nourrisson, ce flux trop rapide peut accentuer les troubles digestifs. Quelques astuces pour le réguler :

  • exprimer manuellement un peu de lait avant de mettre le bébé au sein, surtout si les seins sont très tendus ;
  • privilégier des positions où le bébé est au-dessus du sein (position allongée sur le dos, bébé sur le ventre) ;
  • proposer plus souvent le sein, pour éviter les tétées trop espacées avec seins trop pleins ;
  • laisser le bébé faire des pauses, le retirer quelques instants s’il s’agite fortement puis le remettre au sein.

Si malgré ces mesures le bébé reste très gêné, un accompagnement personnalisé par une consultante en lactation peut aider à adapter la conduite de l’allaitement.

RGO, allergies et intolérances : quand envisager une cause alimentaire ?

Chez certains bébés, les troubles digestifs, régurgitations acides et pleurs peuvent être liés à une allergie aux protéines de lait de vache (APLV) ou à une hypersensibilité digestive. Même sous allaitement, des protéines alimentaires passent dans le lait maternel.

Les signes évocateurs d’une APLV chez un nourrisson allaité peuvent inclure :

  • régurgitations et reflux importants, résistants aux mesures habituelles ;
  • eczéma ou plaques cutanées chroniques ;
  • selles glaireuses, parfois striées de sang ;
  • pleurs intenses, agitation, inconfort global ;
  • cassure de la courbe de poids dans les cas sévères.

Toute suspicion d’allergie doit être discutée avec un professionnel de santé. Il pourra proposer, si nécessaire, un régime d’éviction encadré pour la mère allaitante (suppression des produits laitiers et parfois d’autres allergènes) et un suivi précis de l’évolution des symptômes du nourrisson.

Adapter le quotidien : gestes pratiques pour soulager le bébé

Au-delà de l’allaitement lui-même, certains ajustements du quotidien peuvent réduire les reflux et limiter l’inconfort :

  • Changer les couches avant la tétée pour éviter de comprimer l’estomac plein ;
  • Éviter les vêtements trop serrés au niveau du ventre et de la taille ;
  • Surélever légèrement la tête du matelas (en plaçant quelque chose sous le matelas, jamais un oreiller sous la tête du bébé) si recommandé par le pédiatre ;
  • Limiter les stimulations juste après la tétée : jeux brusques, sauts, balancements rapides ;
  • Observer les périodes d’éveil calme pour favoriser des tétées sereines et un meilleur confort digestif.

Certains produits peuvent aussi être utiles, à condition de les choisir avec discernement : coussins d’allaitement pour optimiser les positions, vêtements confortables et souples pour le bébé, accessoires de portage physiologique favorisant la verticalité après les tétées.

Quand consulter pour les régurgitations et reflux d’un bébé allaité ?

La majorité des nourrissons régurgitent et présentent de petits troubles digestifs. Néanmoins, il est important de demander un avis médical dans les situations suivantes :

  • vomissements en jet, abondants, systématiques, surtout s’ils sont verdâtres ou sanguinolents ;
  • perte de poids ou stagnation pondérale malgré un allaitement fréquent ;
  • pleurs intenses, signes de douleur majeure, refus répété de téter ;
  • fièvre, altération de l’état général, léthargie ;
  • doutes importants sur la quantité de lait ingérée ou l’efficacité des tétées.

Un accompagnement précoce permet de rassurer les parents, d’ajuster les pratiques d’allaitement et, si nécessaire, de mettre en place un traitement pour le reflux gastro-œsophagien du nourrisson. L’objectif est toujours double : préserver la santé digestive du bébé et soutenir la relation d’allaitement.

Prévenir les troubles digestifs du nourrisson tout en préservant l’allaitement

Prévenir les régurgitations et reflux chez le bébé allaité repose sur un ensemble de petites mesures cohérentes. Aucune n’est miraculeuse. Ensemble, elles peuvent toutefois transformer le confort digestif du nourrisson.

En résumé, il est utile de :

  • proposer des tétées fréquentes, adaptées aux besoins du bébé, plutôt que très espacées ;
  • soigner la position et la prise du sein pour limiter l’absorption d’air ;
  • adapter les positions d’allaitement et privilégier la verticalité après la tétée ;
  • surveiller l’éventualité d’un flux de lait trop rapide et ajuster si besoin ;
  • rester attentif aux signes d’alerte (douleur importante, mauvaise prise de poids, vomissements atypiques) ;
  • se faire accompagner par des professionnels formés à l’allaitement (consultantes IBCLC, sages-femmes, pédiatres sensibilisés).

Allaitement et troubles digestifs du nourrisson ne sont pas incompatibles. En comprenant mieux les mécanismes des régurgitations et du reflux, en observant finement votre bébé et en ajustant progressivement vos gestes, il est possible de traverser cette période plus sereinement. Dans la plupart des cas, les reflux diminuent avec le temps, et l’allaitement reste un allié précieux pour la santé digestive et le développement global de votre enfant.